NOS EMPLETTES SONT NOS EMPLOIS : circuits courts, économies au quotidien et films-jumeaux auto-duplicateurs de l'espace.
...où l'on découvre qu'il faut savoir lâcher le prix pour l'ombre.
Les temps sont durs et l'avenir incertain, but have you tried de consommer français ?
Moi qui connais la jungle des plateformes de diffusion comme ma poche, moi qui ai bourlingué à hue et à dia dans des listes interminables de films qui ne le sont pas moins, moi qui ai donné sans aucune vergogne de l'argent à n'importe quel réseau pourvu qu'il diffuse du film, moi, donc, je vous le dis : la meilleure plateforme est française.
Elle s'appelle Shadowz et fonctionne comme un anti-netflix. Au lieu de vous proposer 12,000 films, Shadowz vous en propose peut-être 200 ou 300 ou un peu plus, et puis c'est tout. De plus, Shadowz ne propose que du film fantastique ou d'horreur ou du thriller. Je ne vous cache pas que je partais avec un a-priori positif.
Mais je voudrais parler surtout au cœur des plus pauvres d'entre vous, ceux qui hésitent entre un abonnement à une plateforme ou un dessert au chocolat "pour après le repas". Car nous n'avons pas tous le luxe de céder à toutes les gourmandises. A ceux-là je le dis: Shadowz, au vu des services rendus et même de manière général, est le moins cher et c'est aussi le meilleur rapport qualité/prix.
Je ne les connais pas, ce ne sont pas mes potos, mais je vais quand même continuer de leur (numéro de) cirer leur grosses pompes.
Parlons du contenu. Je mentirais en disant que tous les films proposés sont bons. Non. Mais il y en a pour tous les âges (adultes) et tous les goûts. Le jeune emo, fan de tektonic et autres animés-mangas, et qui bien souvent pige goutte au cinéma fanatstique pourra découvrir de superbes classiques: Romero Argento, Carpenter, Roeg, Fulci, il y a du monde sur le dance-floor. Le hipster trentenaire lui, ce qu'il veut lui, c'est de sentir le vent de l'époque lui caresser les cheveux et lui titiller le museau. Il veut deviner la nouvelle tendance. Shadowz saura l'assouvir car le site propose énormément de films récents, voire très récents ce qui permet souvent de voir du jeune cinéma indépendant.
Et puis pour le focalien, pour vous et pour moi, il y a sur Shadowz une invitation à la découverte. C'est là que j'ai pu voir le magnifique THE INKEEPERS de Ty West (un film qui m'a littéralement bouleversé). C'est là aussi que j'ai vu des trucs merveilleux dont je n'avais entendu parler comme BEYOUND THE INFINITE TWO MINUTES de Junta Yamaguchi (meilleur film sur les "voyages" dans le temps avec PRIMER, et en plus c'est drôlissime) ou THE MISSING PERSON (très beau polar de Noel Buschel, mais ne lisez pas le pitch, faites moi juste confiance). Et puis si je veux revoir un film de Buttgereit, ou le génial L'ENFANT MIROIR de Philip Ridley ou LA MAISON AUX FENETRES QUI RIENT de Pupi Avati, c'est aussi là que ça se passe.
Mais bon, voilà déjà que je fais trop long et que je dropname à qui mieux-mieux. Cessons.
Clou en or sur ce cercueil de délices: “Shadowz coûte 5 euros par mois" dit-il fier comme un pape en lâchant le micro et quittant le ring.
C'est pourquoi, au hasard Balthazar, je vous ai choisi trois films autour de la même thématique, histoire de vous faire un petit week-end cocooning sympa, entre soupe avec croutons, plaid aux couleurs de Noël, cheminée qui crépite et satanés mutants venus d’on ne sait où...
L'INVASION VIENT DE MARS (Invaders From Mars) de Tobe Hooper (USA-1986): ...ha bah si on sait d'où ça vient en fait.
Hunter Carson (le petit garçon de PARIS TEXAS dîtes donc, c'est bien absurde) est passionné d'astronomie. Et ce soir là, après avoir observé les étoiles filantes, il est réveillé en pleine nuit par un bruit immense et des lumières qui flashent de partout : un vaisseau vient de se poser derrière la colline derrière chez lui. Il prévient ses parents, et va même voir, le lendemain, le lieu de l'atterrissage avec son père mais aucune trace de rien du tout. Plus étrange encore, petit à petit, les adultes se mettent à changer. Ils deviennent plus froids moins souriants. A l'image de l'ignoble Louise Fletcher (toujours dans les bon coups, la vilaine !), maitresse de Hunter. Ou encore ses parents ! Le petit garçon se confie à la seule personne qui veut bien le croire : Karen Black, son infirmière scolaire (Cool! En ces temps de fonctionnaires-bashing, voilà un joli message).
Remake d'un vieux film de SF, L'INVASION... pourrait surprendre les fans de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE (du moins le premier!). Film "SF d'horreur" bon enfant, il s'agit d'un pari assez hybride. Hooper veut faire un vrai film de genre et rendre hommage à la série B qu'il aime tant. Une invasion que personne ne soupçonne, un jeune héros que personne n'écoute, des créatures extra-terrestres (ici, assez atypiques, je vous laisse la surprise), la ville en proie à la catastrophe la plus abyssale et des autorités corrompues: tout, absolument, tout y est. Le cahier des charges est rempli et respecté amoureusement.
Au moment de passer à la caisse, au moment de jeter un regard pensif sur sa vie passée, on constate qu'on a passé un très bon moment avec un film un peu kitshouille sur les Guy Debord mais assez franc du collier. Son orientation vers la jeunesse lui donne un côté splendouillet. Côté budget, on est relativement doté et quelques plans sont assez mignons. Les effets spéciaux et la direction artistique ne font pas dans la dentelle: l'extra-terrestre a une sacré gueule, comme je le disais. Les effets de sable sont parfois réussis.
C'est pas du Joe Dante, loin de la, certes, mais c'est rigolo. Surtout qu'ici et là, il y a quelques pointes bien bizarres ou loufoques. Les acteurs patatent, bien obligés à se mette au diapason de l'affreux Hunter Carson qui joue comme un pied, ce qui , vous le noterez, peu avoir son charme. Voir Louise Fletcher se mettre au niveau est d’ailleurs assez cocasse.
Et puis, il y a le statut une peu spécial du petit garçon. Certes, il rempli sa fonction de "mais-si-je-vous-dis-que-cest-vrai-cest-des-extraterrestres", mais le personnage a aussi une autre facette moins attendu. Non, il n'est pas tout le temps ce petit garçon alarmant (et parfois pénible). Avec son infirmière d'école, qu'il appelle non pas madame Machin mais par son prénom), il se comporte en adulte et même, on peut le dire, en homme. Il se prend pour le copain de Karen Black, agit comme tel et reproduit les gestuels et postures de ce personnage de (a-minima) boyfriend. Et Karen Black accepte ça sans le remarquer. Toout cela sembla naturel. Etrange. Bonjour l'Oedipe. [Le but est-il de faire fantasme les petits garçon, en faisant sortir Hunter Carson avec sa "maitresse d'école", ou plutôt son infirmière ?]
Plus on avance, plus le film justifie son propos de manière un peu étrange, mais tout cela est sympatioche comme tout. Une bonne entrée en bouche...
[Je vois certains protester et menacer de se désabonner de cette newsletter: oui vous avez raison, j'ai triché. L’INVASION VIENT DE MARS n'est pas sur Shadowz mais chez l'immonde Bolloré (Canal +). J'ai triché, je l'avoue, mais c'était un prétexte pour mieux vous parler de ...]
LA NUIT DES SANGSUES ou EXTRA SANGSUE (Night of the Creeps) de Fred Dekker (USA-1987): comme un petit air de pizza du chef.
Toujours les années 80. Toujours aux statesses. Mais avec des protagonistes plus âgés puisque nous sommes sur le campus de la fac (malheureusement bien loin d'un campus à la ANNEES FAC, de notre ami Azoulay... #ForceEtRespect).
Jason Lively et Steve Marshall (qui n'a même pas sa photo sur Sens Critique le pauvre.. Pourtant il fait le Steve job.) sont amis et cothurnes. Il vivent sur le campus. Steve, futé et drôle essaye d'aider son ami. Ce dernier a repéré une superbe fille mais il ne la connait pas et il est trop timide pour lui parler. De fil Collins en aiguille (c'est trop long à expliquer -je sais, ça n'a pas de sens), les deux comparses, afin de se rapprocher la jeune fille, vont voler un macchabé conservé dans un laboratoire.
Et là, c'est le drame : le cadavre a été contaminé 39 ans avant par un virus extra-terrestre. Des sangsues mutantes s’en échappent. La ville va sombrer dans l'horreur !
Bon dieu que c'est mal raconté. Bon sang que ça fait du bien. En tout cas, Fred Dekker lui sait y faire et démarre drôlement bien son film en proposant, sans se presser -je dis "bravo"-, une longue intro' qui contient plusieurs films: le teenage movie avec ses amourettes, le film années 50 à l'AMERCAN GRAFFITI (j'exagère bien sûr), avec son superbe flashback noir et blanc et très très bien joué d'ailleurs. S'en suivra ensuite, la bluette sentimentale, le film de flic à l'ancienne, et c'est la variation de ce film "d'invasion-extraterrestre-suite-à-un-météorite", avec des héros qui savent , mais cette ville qui ignore le danger, et bien sûr le flic qui vient aider les jeunes-qui-savent. Puisque c'est un genre, ou plutôt un sous-genre, qu'on vous dit ! Ici, le point de variante, pour se distinguer de la concurrence, c’est le côté zomboïde, et l'étrange déplacement de l'intrigue sentimentale (point très étonnant pour le coup).
Comme Hooper plus haut, Dekker met tout son amour du dans son film. Et ça marche très bien. Les acteurs sont super sympas (avec une spéciale dédicace à Tom Atkins dans le rôle du flic bourru, que j'ai trouvé vraiment épatant). Encore une fois, il y a du budg’, comme disent les jeunes, les lumières sont cools, les décors plutôt chouettes. Si certains ont été un poil déçu par le rythme assez tranquilou du film (ce qui permet de laisser de la place aux acteurs et de bien développer certaines séquences si vous voulez mon avis), je n'ai pas eu cette impression. On peut même dépasser tout ça, et remarquer simplement que le film offre plein de petits morceaux de bravoure assez savoureux, comme l'arrivée du flic dans la sororité par exemple, que j'ai beaucoup apprécié. Au détour d'une scène on découvre un très bon Charles Napier qui à l'image des autres acteurs, sait très bien là où il faut appuyer un peu plus pour que l'aspect comédie du film soit totalement gouleyant. Le film est une excellente surprise, pleine d'amour pour le cinéma de genre . Mangez-en. Sur Shadowz, donc...
LE BLOB de Chuck Russel (USA-1988): lui, ce n'est pas Ken!
Une météorite de l'outre-espace qui s'écrase sur Terre. Un organisme mutant extra-terrestre. Des djeunz qui savent ce qui se passent mais personne ne les croit. Une agence gouvernementale qui débarque et sème la paranoïa. Du gore, des morts. Des scènes de paniques dans la ville. un gros amours de la série B d'antan. Etc.
LE BLOB reprend exactement le même cahier des charges que le film précédent. Mais pour ceux qui veulent en savoir plus, voici l'histoire
Usa, années 80, etc. Un joueur de l'équipe de foot, bien beau gosse, arrive enfin à inviter une très jolies cheerleader à sortir ce soir. Hélas, une étrange météorite s'écrase à la sortie de la ville. Le jeune Kevin Dillon (frère de,) lui, c'est le rebelle, à tendance légèrement loulou sur les bords. Il a un beau blouson en cuir et une grosse moto. Et le shérif, bien qu'assez brave mec par ailleurs, ne l'aime pas.
Un vieux clochard touche l'étrange substance qui sort du météorite. Celle-ci engloutit sa main. Kevin Dillon qui passait par là (si si), essaye de l'aider. Il croise le footballer et la cheerleader (si, si, je te jure) et tout ce beau monde, tout en s'engueulant un peu, va amener le clochard à l'hôpital. C'est là que le blob commence à faire son office et engloutir tout ce qui lui passe sous la main. [Hahaha!]
Si les deux films (NIGHT OF THE CREEPS et celui-ci) sont très proches, chacun a son petit caractère et c'est pour ça, comme des enfants, qu’on les aime tous les deux. LE BLOB a aussi son petit budget. Sans être un triple A, on sent bien la maille qui circule : jolis éclairages (la forêt hyper-éclairée, ce que j’adore toujours, mais malheureusement bien moins que la FINAL GIRL de Tyler Shield qui, en la matière, atomise tout le monde avec ses projecteurs en douche à 500.000 watts pour les scènes de nuit), ça cadre, ça découpe, ca bosse tout à fait bien, et c'est extrêmement plaisant. Quelques scènes sont même très réussies (le cinéma, avec sa photo très maligne et son ambiance de panique très efficace). L'aspect conspiration gouvernementale ajoute une plus value certaine. Le personnage de Kevin Dillon qui semblait un peu ternasse au départ, reste fleure bleue dans sa rebellitude mais est bien mis en valeur. L'aspect un peu comics est moins prononcé que dans LA NUIT DES SANGSUES, mais ça ne gâche pas du tout le plaisir. Jai bien aimé aussi les effets spéciaux, notamment les incrustations ici assez fines, voire même vraiment maligne et qui permette d'avoir un blob efficace et pas trop cheap, à peu de frais.
[C'est sur Shadowz !]
A la fin des fins, parmi ces trois films de machin-venu-de-l'espace, lequel vous séduira le plus. Serez-vous aussi indulgent que moi avec le Hooper ? Allez-vous être plus séduits par les sangsues qui ne supportent pas la chaleur ou le blob qui craint le froid ? Serez-vous attirés plutôt par les nerds sympas ou par le beau biker ténébreux ?
En tout cas, s'il y en a une ou un parmi vous qui fait l'expérience, j'ai hâte d’avoir son retour.
Et je pose la question: quels films ou quels cinéastes récents, d'après-vous, ont pris le relais de ces films ? Qui a, dans ses films, une démarche similaire trente ans après ? Qui fait transpirer dans son travail cet amour de la série B et des films de genre chouettosses et bien troussés ?
Je vous laisse réfléchir.
Un bon week-end (si vous êtes en week-end).
Sous vos applaudissement.
Vous êtes ici chez vous, vous revenez quand vous voulez.
La bize.
Dr Devo.
Comme quoi c'est intéressant de partager les avis. J'ai vu L'invasion vient de Mars récemment et il m'a plutôt donné l'impression de tendre vers le Z.
Sur le papier c'était alléchant, avec en plus la participation de Stan Winston, mais le résultat fait plutôt partie de leurs moins bonnes réussites à lui et Hooper.
Pour Karen Black, je resterai sur Trilogie de la terreur (le troisième segment !!).
En revanche, je me suis bien amusé sur Night of the Creeps et ses effets spéciaux aux petits oignons.
The Blob version 80's est et restera un classique ! Encore plus que les versions précédentes.
A noter : c'est un des premiers films à montrer un tabou, la mort d'un enfant dans un film de divertissement américain plutôt grand public 😁
Belle découverte pour L'enfant miroir ! Une atmosphère presque onirique très surprenante.
J'avais trouvé le Hooper assez génial (et il est resté assez proche de l'original dans son déroulement) et justement les échanges avec l'infirmière m'avait sorti du film, tout comme l'armée qui écoute un petit garçon sorti de nulle part. Je pense que c'est voulu, pour mieux nous préparer au final: l'invasion est vraie et le combat qui va se dérouler (l'histoire qui se répète) se fera peut-être sans tous ces moments idéalisés.